hal-01992878 Les couteaux de la grotte de Foissac (Aveyron) et les outils de moissonneurs du (…)

La grotte de Foissac (Aveyron) a livré deux couteaux à moissonner particulièrement bien conservés dont les lames lithiques étaient encore insérées dans leurs manches en os perforés latéralement. L'examen du lithofaciès et du biofaciès du silex utilisé indique qu'il s'agit de lames en silex lacustre oligocène du type Mur-de-Barrez (Aveyron), lames qui ont été diffusées régionalement dans le sud-ouest du Massif central au Néolithique final. L'examen tracéologique confirme qu'il s'agit bien d'outils ayant coupé des végétaux tendres dans une cinématique longitudinale. Les poignées ont été façonnées dans des tronçons de côtes de gros ruminants et s'apparentent aux modèles compacts en bois du domaine lacustre nord alpin (NMB et culture de Horgen). Ces deux couteaux à moissonner sont attribuables au Néolithique final 2, c'est-à-dire à l'étape ancienne du groupe des Treilles (3200-2800 av. notre ère) et sont différents des couteaux de type "scies à encoches" qui sont attestés par trois exemplaires en silex du Grand-Pressigny trouvés dans la même grotte. Les scies à encoches se sont généralisées dans la même région au Néolithique final 3, soit sous la forme d'importations en silex du Grand-Pressigny, soit sous la forme d'imitations en silex locaux ou en roches locales. La tracéologie indique que ces outils ont fonctionné eux-aussi pour la coupe de végétaux tendres dans une cinématique transversale évoquant l'érussage (couper les épis en tirant). L'évolution perçue à Foissac à travers ces pièces est représentative de celle du Sud-Ouest océanique de la France au Néolithique final. Elle présente des points communs avec celle observée dans le Néolithique final occidental où les couteaux à moissonner ou à érusser se sont développés sous l'effet des améliorations des pratiques agricoles de cette période, notamment la moissons sélective des seuls épis et des cultures plus denses préparées à l'araire.